Faire dialoguer Mallarmé avec Édouard Manet, Berthe Morisot, Claude Monet, Jean-François Raffaëlli, Odilon Redon, Edgar Degas, Auguste Renoir, Édouard Vuillard, James MacNeill Whistler, Paul Gauguin ou Debussy, c’est d’abord mesurer la place – à la fois centrale et invisible – que Mallarmé occupe dans le champ littéraire et artistique qui voit la naissance de l’Art moderne.
L'Atelier d'estampes de Villeurbanne présente une exposition des oeuvres d'Anne-Lise Broyer (née en 1975), du 19 septembre au 30 novembre 2024. Les monographies s'inspirent de la Maladie du Sens, de Bernard Noël (Ed. P.O.L., 2001).
Ses élèves lui lançaient du papier mâché, mais le poète du "Coup de dés" avait conçu des cartes animées pour s'initier à la langue d'Edgar Poe. Elles viennent d'être retrouvées et restaurées.
Mallarmé a connu des vies posthumes que ne suffisent à conjurer ni le recours aux registres de l'état civil ni le retour au corpus de ses textes. À l'âge de l'existentialisme, les critiques littéraires inscriront la négativité de sa poésie dans les aventures de la dialectique. Aux grandes heures du structuralisme, les avant-gardes le croiront capable de réconcilier Marx et Saussure. Quand tomberont les statues de Lénine, les philosophes liront dans ses vers la mémoire d'un siècle de révolutions. Voici Mallarmé tel qu'en lui-même le XXe siècle le change. Cette tradition interprétative, qui prend à revers la question de l'engagement littéraire, nous invite à reconnaître l'inventivité polémique des gestes de lecture et d'interprétation. Car ce n'est pas les intentions de l'écrivain qui produisent la signification politique des textes, mais les stratégies herméneutiques des lecteurs. La politique de la lecture qui a inventé la figure du camarade Mallarmé est un art du contretemps, toujours à la limite de l'anachronisme, qui rend perceptible, dans la littérature d'autrefois, une force d'opposition et de rupture toujours actuelle. Le destin politique de Mallarmé illustre les tours et détours d'une lecture engagée.